II Les moyens mis en oeuvre pour changer les comportements

1) La création de monnaies alternatives

a) Les miles.

En 1981, la compagnie Américan Airline invente un système de points pour ses clients : les miles.

Le cumul de ces points étant échangeable contre des voyages. La logique est purement commerciale. La carte s'miles reprend cette idée dans de grand magasins et dans certains supermarchés.

En fait, ce mode d'échange diffère peu de la « monnaie officielle ». Il se contente de fidéliser le client à certains bien ou à certains partenaires.

b) Les monnaies sociales.

Nées en Amérique du nord au début des années 80 et arrivées en France au milieu des années 90, elles apparaissent souvent à la faveur de difficultés économiques.

Leur but de débarrasser l'argent de ses tendances spéculatives en relocalisant l'économie sur un territoire limité, en dynamisant les échanges et en favorisant la cohésion sociale.

Pendant la grande crise des années 30, le maire de wolrgl, petite ville autrichienne du Tyrol, émet une monnaie locale dont la caractéristique était de se déprécier de 1% par mois. C'est le principe de la « monnaie fondante » d'un économiste du début du siècle Silvio Gesell.

Rapidement interrompue par la banque national d'Autriche, cette expérience a amené un souffle nouveau dans le monde des échanges en décourageant l'épargne et la spéculation; sources d'inégalité. C'est une nouvelle approche de la gestion de l'argent.

Les monnaies locales se sont surtout développées en Amérique du nord (une 60en de localités, comme l'Ithaca hour crée en 1991)

Les revenus engendrés localement doivent être dépensés sur place. En mettant un frein aux gestions ultra libérales des multinationales,donc aux sources d'enrichissement vertigineux et spéculatifs, les monnaies locales tendent d'instaurer ainsi un mode de société plus égalitaire tout en encourageant les échanges, facteur de lien entre les hommes.

c) Les monnaies virtuelle en « comptes »

Il s'agit d'un groupe de personnes qui s'associent pour échanger entre elles des biens, des services, du temps, des savoirs, …

Le fonctionnement est basé sur le crédit mutuel. L'un crée une dette sur son compte tandis que l'autre bénéficiera d'un crédit en pouvoir d'achat.

Cela nécessite une gestion centralisée qui saisit les transactions, effectue un suivit des comptes, et met en adéquation l'offre et la demande. En Italie, on fonctionne sur la basse du temps passé. Ce sont « Les banques de temps » Ce système permet à ceux qui n'ont aucun ou peu de moyens de paiement, d'échanger. Chacun devient tour à tour producteur et consommateur. L'échange prend alors une dimension humaine importante, chacun va valoriser ses compétences. De la taille des arbres, à la confection de confitures en passant par des cours de langues, chacun peut trouver une place dans le réseau et ainsi, à travers ces contacts, s'insérer naturellement dans la société tout en satisfaisant des demandes.

Mais pour que ce système fonctionne il faut qu'il s'appuie sur une communauté suffisamment importante. Quand on adhère à un LETS, on s'aperçoit vite que le fait d'échanger est aussi important que ce qui est échangé. Le lien compte autant que le bien. C'est un nouveau concept, une nouvelle façon de voir les échanges. Une façon de redonner une identité, une dignité aux personnes exclues du systhème avec tout l'équilibre et le bien-être que cela apporte.

 
2) Le partage

Il permet de diminuer l'importance de l'argent dans les échanges.

a) Partager un bien

-Du matériel technique:

Aux états unis, dans les techshop, on partage des lasers à découper, des machines à coudre, des postes à souder; moyennant une cotisation, pour des artisans.

-Une voiture:

Dans le monde, les site de location entre particulier sont en plein essor. Le leader du marché français Zilok a rassemblé en 3 ans plus de 100 000 membres.

Sachant qu'une voiture coûte en moyenne 470euro/mois et qu'elle ne serait utilisée que 25% du temps, la louer pour 30euro/jour est la solution pour laquelle ont opté 2500 propriétaires.*

b) Partager un achat :

-Les achats groupés

Sur les sites d'achats groupés, il est possible d'obtenir 10 à 20% de réduction en moyenne sur tout type de produit. Ainsi l'établissement de liens préalables avec d'autres permet de gérer au mieux son budget.

- Une éolienne :

En Belgique, on peut devenir copropriétaire d'une éolienne dans sa commune. Il est possible ainsi de réduire sa facture énergétique. C'est ce que propose depuis 2002 l'association « les vents d'houyet »

-Un bien immobilier

Dans le « cohousing », il s'agit d'un projet de vie. On se regroupe pour acheter, faire bâtir ou retaper un bien immobilier de grande dimension.

Chacun dispose d'un logement privatif et d'espaces communs; lieux d'entraide et de convivialité. (buanderie, potager, bibliothèque, chambre d'amis)

Souvent concernés par les préoccupations environnementales, ces projets développent des techniques permettant des économies d'énergie. Mais la formule la plus séduisante reste l'auto-partage où pour un abonnement de 10à 15 euro/mois (plus les km roulés ou le temps d'utilisation) .

Un véhicule entretenu par une société est disponible 24h/24 à coter de chez sois.

En France 15 000 conducteurs se partagent déjà 800 véhicule. Leur nombre progresse de 25 à 30% chaque année.

-Un jardin

Sur des parcelles situées le plus souvent au beau milieu des villes, il est possible de partager un jardin (Jardin-partages.org) Chacun peut venir cultiver ses salades tout en échangeant ses connaissances avec les autres habitants de toute origine, le jardinage devient un facteur de lien.

-Un bureau

Il est possible aussi de partager un bureau pour une demi-journée, une semaine ou plus. Cela permet de bénéficier de fraie de fonctionnement réduits et d'une émulation collective. (Ex: La ruche à paris, des centaines d'entrepreneurs sociaux indépendants s'y retrouvent pour travailler et partager leur compétences.) Cependant, l'auto promotion demande du travail et de la patient. Il faut être bien conseillé au niveau juridique, comptable et accepter de respecter les règles de vie communes.

Cela revient 20% moins cher qu'une opération classique mais cela permet de créer du lien, de choisir ses voisin, de rompre la solitude et de se sentir en confiance. Cela permet de sortir du règne du « chacun pour sois », c'est une philosophie de vie. On peut penser que beaucoup de difficultés sociales pourraient être résolues grâce à cette forme d'habitat.

c)Partager des services

-Un garage

Avec l'aide de professionnels et pour un prix modique de location de matériel, on peut dans les « selfgarage » réparer sa voiture. Une quarantaine de garages de ce type existent en France. Le selfgarage à l'avantage d'une part de développer des compétences mais aussi de créer des liens entre les différents participants.

-La production communautaire

Elle permet à des particuliers de soutenir toutes sortes de projets: production de musique, de films, de spectacles, de micro crédits dans les pays en développements. De nombreux projets n'auraient pu voir le jour s'ils n'avaient pas été basé sur la notion de partage de la production.

 3) L'échange

Il permet de se passer de l'argent dans les échanges.

a) Échanger un bien

-Des plantes

Échanger des plantes, c'est possible en cliquant sur « trocvert.lemonway.fr »

-Des livres par le bookcrossing.

Cela consiste à faire circuler des livres pour qu'ils soient lus par d'autres en les laissant dans des endroits publics (café, bancs, etc ..)

Plus de 6 millions d'ouvrages ont ainsi été mis en circulation dans le monde, dont 1 000/mois en France. Un suivit internet permet d'échanger des commentaires entre lecteurs.

(ex:bookcrossingfrance.apinc.org)

-Une résidence de vacance.

Cela permet à moindre frais de découvrir un nouvel environnement, de nouveaux horizons, de s'ouvrir, …

Ces échanges de biens créent des liens entre des personnes qui ne se serait peut être jamais rencontrées. C'est un facteur de communication.

b)Échanger des services

-Le covoiturage

Testé par 3 millions de français, il permet de réduire le coût des déplacements soit en participant aux frais, soit en prenant tour à tour sa voiture.

-Véhiculer un colis

En appartenant à un réseau, il est possible de se rendre des services pour un coût moindre. Une personne en déplacement pourra acheminer à son destinataire « Colis-voiturage.fr »

-Se loger

Le « woofing » (wwoof.fr) permet de se loger gratuitement dans une ferme bio à condition de donner un coup de main. A travers cet échange, c'est l'occasion de faire connaissance et de s'enrichir au contact de l'autre.

-La cohabitation intergénérationelle

Par le réseau « réseau-cosi.com », des étudiants sont hébergés avec un faible loyer en échange de quelques services ménagers. Cette juxtaposition de deux portions de vie opposées dans l'échelle du temps peut déboucher sur des découvertes enrichissantes pour chacun.

-Échanger des compétences

C'est possible de gré à gré en passant par « échange-de-services.com ». C'est cette même idée qui est développée dans les SEL (Système d'échanges Locaux) Les sites de quartier explosent sur la toile. « voisins-solidaires.fr » propose d'afficher sur des panneaux dans un lieux public (hall d'un immeuble) les coup de main que chacun est disposer à donner.

Ainsi, au delà de l'échange, on assiste à un formidable élan de solidarité avec pour but final, la rencontre des autres.